Ici
Ici est partout
Puisqu’Ici n’est pas localisable
Comme Maintenant n’est pas coincé sur une ligne chronologique entre un avant et un après
Ici n’est pas plus près ou plus loin
Toute manifestation est le murmure ou le tapage du non-manifesté
La non-dualité serait-elle l’annulation des contraires ou l’embrasement des opposés ?
Comment l’intranquillité pourrait-elle être sans la tranquillité ?
Pour que l’intranquillité soit, la tranquillité EST
La croyance que l’une ferait disparaître l’autre crée la souffrance, le doute, l’attachement, l’aversion
Alors que c’est précisément la preuve que la tranquillité est avant tout tumulte et tempête
Chaque secousse est la preuve de l’inébranlable
Chaque bruit, la preuve du silence
Mes limites éprouvées sont l’expression même de l’infini
Même s’il m’arrive parfois encore de croire en celles-ci, en oubliant d’où elles surgissent
Tout pointe vers Cela, tout est l’expression de Cela
Pour que l’impermanence soit, la permanence EST
Pour que le chant des oiseaux comme celui de ma tristesse soit
Le silence de la joie EST
Est-ce que la nuit contracte le jour ?
Est-ce que le jour abolit la nuit ?
Si ici est là plutôt qu’ailleurs
Alors cet ici est un mensonge
— Delphine Gayet